Lâcher prise… plus facile à dire qu’à faire. Nous vivons dans un monde où l’on valorise le contrôle, la performance et l’anticipation. Pourtant, c’est justement quand on relâche la pression que la vie (et la sexualité) reprennent des couleurs.
Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi il est si difficile de lâcher prise, quels en sont les bénéfices, et surtout quelles pratiques concrètes vous pouvez mettre en place pour retrouver plus de sérénité et de liberté, dans votre quotidien comme dans votre intimité.
Pourquoi est-ce difficile de lâcher prise ?
Lâcher prise ne veut pas dire abandonner. Cela signifie reconnaître qu’on ne peut pas tout contrôler. Or, nous avons grandi dans une société où l’on apprend à maîtriser : ses émotions, son corps, ses performances. Résultat : dès que quelque chose échappe à ce contrôle, l’anxiété surgit.
Dans la sexualité, ce mécanisme est encore plus marqué. Car l’intimité demande de s’abandonner, de se laisser traverser par des sensations et des émotions qu’on ne maîtrise pas. Pour beaucoup, cela peut être vécu comme une menace.
Le rôle du contrôle, des freins et des accélérateurs
Emily Nagoski, sexologue et chercheuse, a proposé le modèle du double contrôle.
Elle explique que notre système sexuel fonctionne comme une voiture avec deux pédales :
- L’accélérateur : tout ce qui stimule le désir (une caresse, un regard, une ambiance détendue, la complicité).
- Les freins : tout ce qui bloque le désir (fatigue, stress, peur du jugement, conflits, honte, douleurs, trauma).
Vous pouvez avoir mille signaux positifs qui appuient sur l’accélérateur… mais si vos freins sont trop forts, la voiture n’avance pas.
👉 C’est exactement ce qui se passe quand on « veut » lâcher prise, mais que le mental et le corps résistent.
En thérapie, je vois souvent des personnes qui disent : « Je n’arrive pas à me détendre. » En réalité, leur corps dit : “Je ne peux pas me permettre de lâcher.”
Le système nerveux et le lâcher-prise
Pour lâcher prise, il faut comprendre le rôle de notre système nerveux.
- Le système sympathique : il nous met en alerte (stress, vigilance, action). Utile en cas de danger, mais incompatible avec l’abandon.
- Le système parasympathique : il favorise la détente, le repos, le plaisir, la digestion. C’est lui qui ouvre la voie au désir et à l’orgasme.
Si vous êtes constamment en mode « alerte », votre corps ne peut pas passer en mode plaisir. Lâcher prise, c’est donc apprendre à calmer le système sympathique (stress) pour réactiver le parasympathique (détente, connexion).
👉 À lire aussi : Pourquoi je ne ressens pas de plaisir pendant les rapports sexuels.
Les bénéfices du lâcher-prise au quotidien
- Diminution du stress et de l’anxiété.
- Amélioration du sommeil et de la concentration.
- Plus grande authenticité dans les relations.
- Vitalité et créativité retrouvées.
Lâcher prise, c’est accepter de se montrer vulnérable. C’est une clé fondamentale pour
nourrir l’intimité dans le couple.
Lâcher prise dans la sexualité : pourquoi c’est essentiel
Dans la sexualité, le contrôle est souvent l’ennemi du plaisir.
Vouloir « bien faire », « satisfaire l’autre », « réussir à avoir un orgasme »…
Tout cela met une pression énorme qui coupe du ressenti.
Comme le dit Esther Perel (Mating in Captivity) :
« Le désir naît dans la liberté, pas dans l’obligation. »
Apprendre à lâcher prise, c’est donc :
- sortir de la performance,
- accepter que le désir fluctue,
- redonner sa place au corps et aux sensations,
- laisser exister l’imprévu, l’humour, la curiosité.
6 techniques concrètes pour apprendre à lâcher prise
1. La respiration consciente
Exercice : pratiquez la respiration 4-7-8 chaque soir avant de dormir.
Inspirez 4s, retenez 7s, expirez 8s. Répétez 4 cycles. Cela apaise le système nerveux.
2. Le mouvement libre
Dansez sans musique, ou au contraire mettez un son fort et laissez votre corps bouger sans chercher à « bien faire ». Le mouvement libère les tensions accumulées.
3. Le journal émotionnel
Chaque soir, notez : « Qu’est-ce que j’essaie de contrôler aujourd’hui ? » Puis : « Qu’est-ce que je peux accepter de laisser aller ? »
4. Le rituel de confiance
Dans le couple : se bander les yeux 5 minutes et laisser l’autre guider (dans la tendresse, pas forcément sexuel). Objectif : expérimenter le fait de ne pas contrôler.
5. Les micro-moments de présence
2 minutes par jour pour simplement sentir son souffle, son corps, sa peau. C’est l’art de « revenir à soi », une base du lâcher-prise.
6. La thérapie
Quand le contrôle est lié à des blessures plus profondes (trauma, peur de l’abandon, honte), l’accompagnement thérapeutique aide à dénouer ces freins.
👉 En savoir plus sur les blocages sexuels.
Quand le lâcher-prise devient difficile : signaux à écouter
- Vous sentez que vous « décrochez » de vos sensations dans l’intimité.
- Vous avez peur d’être jugé·e ou rejeté·e si vous lâchez le contrôle.
- Vous évitez certaines situations de peur de perdre la maîtrise.
- Votre corps se fige (sidération) dans certaines interactions.
Ces signaux sont normaux, mais s’ils deviennent trop envahissants, un accompagnement thérapeutique est recommandé.
Conclusion : avancer pas à pas vers plus de liberté
Lâcher prise est un chemin progressif. Cela demande d’apprivoiser ses freins, de nourrir ses accélérateurs et d’apprendre à écouter son système nerveux. Chaque micro-pas compte.
Ressource gratuite :
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👩⚕️ À propos de l’auteure : Gabrielle Adrian
Je suis sexologue clinicienne et thérapeute de couple. À travers Hello Hédoné,
j’accompagne celles et ceux qui veulent retrouver du désir, se reconnecter à leur corps,
et créer une intimité plus libre, plus sensible, plus assumée.
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